De Manutube SAS à Airtight Transfer SAS : un nouveau nom pour une nouvelle stratégie

Le 28/10/2010 à 9:54 par La rédaction

C’est en 1974 que débute l’histoire de Manutube. Cette année-là, Monsieur Lerebours père crée la société Lerebours SA, qui deviendra par la suite LR Technologies puis Manutube SAS. Implanté en Normandie, une région très agricole, il conçoit tout naturellement un premier convoyeur à bandes destiné aux céréales. Vient ensuite l’idée de faire du convoyage en milieu étanche, un concept qui fera la réussite de la société Manutube SAS : une bande transporteuse en caoutchouc circule en auge en forme de U dans un tube étanche à l’air et à l’humidité, évitant les dégagements de poussière en confinant totalement le produit dans le tube.

La société croit dans le milieu agricole français jusque dans les années 80. C’est à cette période que l’entreprise commence à se diversifier vers l’industrie chimique. Elle signe des contrats avec Unilever et Procter & Gamble, pour le convoyage de lessives notamment. Après le marché français, et plus particulièrement le nord-ouest de la France, l’entreprise s’ouvre également à l’international : en Europe, aux USA mais aussi en Afrique du Sud et Amérique du Sud. Dans les années 90, Manutube SAS continue son essor et diversifie ses applications : un convoyeur adapté aux produits industriels pulvérulents (lessive, produits chimiques, poudres, granulats) et un autre pour les produits du bâtiment comme les ciments, en travaillant avec le groupe Lafarge. La diversification se fait non seulement sur les applications mais aussi sur les produits : des convoyeurs mobiles pour le déchargement de bateaux, de camions et de wagons, sur des sites logistiques notamment. Ce sont des années fastes, de fort développement pour Manutube SAS, jusque dans les années 2000. À partir de 2004, les difficultés commencent à apparaître, les deux grands clients que sont Unilever et Procter & Gamble ont déjà équipé beaucoup de sites. Les machines ayant une durée de vie d’une vingtaine d’années, les contrats ne se renouvellent pas beaucoup. Il faut alors se mettre en quête de nouveaux marchés. L’activité baisse, les difficultés se succèdent…

Stéphane Lalouelle, pdg de la société Demaret Frères, l’un des trois actionnaires qui a repris l’ex entreprise Manutube SAS.

Le 1er mai 2009, une page se tourne dans la vie de Manutube SAS. Une reprise a lieu avec une nouvelle forme d’organisation. L’entreprise familiale est rachetée par trois investisseurs de la région du Havre, ayant chacun une entreprise liée à l’activité de Manutube SAS. Chaque repreneur arrive avec sa PME et sa spécialité : Stéphane Lalouelle président de la société Demaret Frères, spécialisée dans la chaudronnerie industrielle lourde, la fabrication d’appareils sous pression et la maintenance industrielle ; Christian Vallet, PDG de la société Prodergie SA, spécialisée dans l’électricité, l’instrumentation et les automatismes industriels ; Jean-François Dubuc, enfin, qui associé à Christian Vallet créé la société Adinox, spécialisée en chaudronnerie fine et en fabrication de machines spéciales. Ils rebaptisent la nouvelle société : Airtight Transfer SAS (AT SAS), pour reprendre l’activité et ses produits de niche. Ils choisissent également de continuer à travailler conjointement avec l’équipe de l’ancien Manutube SAS, comme soustraitants privilégiés. « Société artisanale et familiale, Manutube SAS avait progressé en partant de rien. Tout était fabriqué en interne de la plus petite pièce à la plus grande, qu’il s’agisse d’éléments de tôlerie, de chaudronnerie, ou encore de mécanique. Manutube SAS fonctionnait sur un modèle d’entreprise des années 70-80 », explique André-Yves Cottereau, consultant en développement commercial et marketing, recruté à la reprise pour relancer la société et développer de nouveaux marchés. « Depuis mai 2009, la société et sa nouvelle structure actionnariale fonctionne avec des soustraitants principaux, qui sont les sociétés des repreneurs. La société mère fait directement appel aux sous-traitants lorsqu’il y a des commandes. Par exemple, quand on a besoin d’une structure métallique pour supporter un convoyeur, on fait appel à Demaret Frères, qui fait de la chaudronnerie lourde. Les délais sont raccourcis, on sait que l’on fait appel à des chaudronniers qualifiés. Pour la chaudronnerie fine, les tôles acier et les tôles inox notamment, on fait appel à Adinox, qui a les machines automatiques pour réaliser ces pièces et dont ils sont spécialistes. Enfin pour toute la partie automatismes, électricité et instrumentation, comme les capteurs, on fera appel à la troisième société actionnaire : Prodergie. Airtight Transfer SAS utilise enfin son savoir-faire en intervenant sur la dernière partie, à savoir l’assemblage et le montage des convoyeurs avant livraison. Avec cette nouvelle organisation, la réactivité par rapport aux commandes est bien plus importante, plus économique et chacun reste dans sa spécialité », poursuit André Yves Cottereau. Certains éléments restent externalisés dans cette organisation, comme les tambours ou les bandes caoutchouc par exemple, mais les partenaires restent les plus importants fournisseurs pour la fabrication des convoyeurs. Pour aider à mettre en place cette nouvelle organisation, l’entreprise a fait appel à un consultant extérieur : M. André- Yves Cottereau. Embauché en tant que consultant en développement commercial et marketing, il a pour tâche de diversifier l’offre avec de nouvelles applications pour les convoyeurs. Il travaille notamment sur des produits destinés au recyclage et à la valorisation des déchets ménagers et industriels. Les matières plastiques par exemple peuvent être collectées et réutilisées pour la fabrication de nouveaux produits par des sociétés spécialisées. Le tri sélectif, dans lequel il faut séparer les différentes matières peut également nécessiter des convoyeurs à bandes. Actuellement, l’entreprise travaille sur de gros projets de ce type, comme celui d’équiper une usine de recyclage d’un groupe industriel. Deuxième objectif pour la nouvelle société, celui de s’étendre géographiquement mais pas n’importe comment : « Airtight Transfer SAS est une petite PME, donc l’idée est d’avancer de manière stratégique avec l’Europe des 27 d’abord, et la Russie. Les besoins y sont mieux maîtrisés, ils sont très similaires au marché français et c’est également plus proche géographiquement. Selon les demandes, on travaille aussi de façon ponctuelle dans d’autres régions du monde, comme en Argentine ou au Cambodge par exemple », explique André-Yves Cottereau.

L’un des convoyeurs à bande que commercialise Airtight Transfer SAS.

Autre nouveauté mise en place depuis la reprise de la société : un bureau d’étude interne, secondé par ceux de toutes les sociétés partenaires. Quand un client a un nouveau besoin, tous les bureaux d’études peuvent donc plancher dessus. En 2009 par exemple, la société normande a travaillé sur une grosse installation destinée à convoyer du noir de carbone. Présenté sous forme de poudre pulvérulente, il s’agit d’un produit issu de la pétrochimie, utilisé pour la fabrication de pneus. Comme c’est un produit difficile à convoyer, il y a un grand intérêt à le faire dans un tube étanche, comme ceux proposés par l’entreprise. La manutention pour ce type d’installation est aussi réalisée par la nouvelle société Airtight Transfer SAS. Pour l’instant, les résultats de cette nouvelle organisation sont satisfaisants pour les repreneurs. De nombreuses demandes de devis ont été formulées depuis l’automne, de nouveaux projets sont en cours, dont certains d’1 million d’euro. L’objectif est de bien se positionner dans le domaine de la manutention des produits en vrac, avec le convoyage mais aussi le chargement de containers. Un nouveau nom couplé à un nouveau positionnement pour que l’entreprise reste non seulement connue pour ses convoyeurs à bandes étanches mais devienne aussi un acteur à part entière de la manutention.

Emmanuelle Genoud