Comment garantir la conformité ATEX de son usine ?

Le 24/08/2021 à 8:40 par La rédaction

Experte des solutions pour l’aspiration et la gestion des poussières industrielles, la société Girardeau Air cherche toujours à améliorer ses produits et services afin de délester l’industriel de ses problématiques de santé et de sécurité des opérateurs. Entretien avec Marc Terrien, P.-D.G. de Girardeau Air, qui présente ici la stratégie de développement de l’entreprise et l’accompagnement qu’elle propose au jour le jour à ses clients.

 

Marc Terrien, P.-D.G. de Girardeau Air.

Quelle est la philosophie de Girardeau Air ?

Marc Terrien : Au départ, Girardeau Air réalisait le montage d’installations de dépoussiérage en sous-traitance pour l’industrie du bois. Lorsque j’ai racheté la société en 2004, j’ai souhaité élargir – tout en gardant le savoir-faire de Girardeau Air dans le domaine du bois – le dépoussiérage à toutes les particules de l’industrie au sens large : captage de fumée de soudure, brouillards d’huile, particules polluantes, etc. Le dépoussiérage est un métier jeune et nous mettons aujourd’hui tout en œuvre pour proposer à nos clients un véritable partenariat. A contrario de ce qu’était Girardeau Air par le passé, nous souhaitons être des aérauliciens, mais aussi des agents des méthodes : les abaques et équipements aérauliques, les normes et directives en vigueur ne sont que des outils à disposition pour atteindre la finalité recherchée, qui est la réduction des risques de santé et de sécurité des opérateurs. Nous apportons notre expertise et notre savoir-faire de fabricant pour minimiser les nuisances que peut apporter l’environnement industriel.

 

Installation réalisée par Girardeau Air.

Les industriels connaissent-ils suffisamment leurs obligations réglementaires concernant le dépoussiérage ?

M. T. : Les équipements et services que nous proposons visent en partie à répondre aux obligations réglementaires, qui datent de 1987. Les industriels connaissent bien leurs obligations en termes de contrôles électriques, d’extincteurs, de ponts roulants ou encore d’éléments de levage. En revanche, ils connaissent beaucoup moins leurs obligations dans le domaine du dépoussiérage. D’ailleurs, les institutions s’accordent pour dire que moins de 5 % des entreprises remplissent leurs obligations légales à ce sujet. La réglementation exige un à deux contrôles par an, en fonction de la taille et des systèmes implantés dans l’entreprise.

 

Interface homme-machine.

Quelle stratégie de développement mettez-vous en place pour répondre aux besoins des utilisateurs finaux ?

M. T. : Nous nous dirigeons vers un monde plus scientifique et plus juridique. Le développement de la société Girardeau s’appuie sur une stratégie de marque haut de gamme basée sur la recherche et l’innovation : notre démarche est d’anticiper l’avenir en se fixant des objectifs de qualité et de sécurité. À partir de tous désordres, insatisfactions ou problématiques ressenties par nos clients, nous nous efforçons de développer des solutions adéquates et disruptives. Nous ne laissons rien au hasard et proposons des solutions haut de gamme. Nous cherchons perpétuellement des axes d’amélioration et innovons en permanence pour ne laisser aucun produit ou service se vulgariser. Nous avons l’habitude de dire que « chez Girardeau, la poussière n’a pas le temps de se poser ». Nous nous affichons comme un partenaire de nos clients et assurons la pérennité de leurs installations. Nous sommes une entreprise engagée et nous fabriquons toutes nos solutions en France : nous sommes l’un des rares fabricants à maîtriser toute la chaîne de production et à assurer tous les services.

 

Armoire électrique permettant de connaître en temps réel l’état de l’installation de dépoussiérage.

Vous avez mis en place des partenariats pour proposer des solutions innovantes : pouvez-vous nous en dire plus ?

M. T. : Nous avons effectivement établi des partenariats avec des organismes tels que l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité), la CRAMIF (Caisse régionale d’assurance maladie d’Île-de-France) et la CARSAT (Caisse d’assurance retraite et de santé au travail). Nous avons ainsi pu mettre nos différentes expertises en commun et améliorer la philosophie de notre métier pour assurer la sécurité et la santé du personnel en milieu industriel. Ces organismes ont pu identifier des problématiques dans les usines, mais du fait qu’ils ne soient pas fabricants, ils ne peuvent pas proposer de solutions concrètes. Nous prenons ici le relai et développons et construisons avec eux des prototypes, qui deviennent ensuite des solutions brevetées accessibles à tous. Nous sommes certifiés ATEX avec Assurance Qualité et avons fait tester nos équipements en laboratoire. Le fait d’être fabricant français est ici un réel avantage : nous savons comment notre matériel réagit et, grâce à notre savoir-faire, nous pouvons faire évoluer et améliorer nos prototypes, puis breveter et protéger nos approches et nos systèmes.

 

Le matériau de l’ECOGIR est classé M1 (combustible non inflammable).

Quelles sont vos dernières innovations majeures dans le domaine du dépoussiérage ?

M. T. : Nous avons, ces dernières années, déposé plusieurs brevets pour des solutions particulièrement innovantes. Nous avons par exemple protégé un système de diagnostic 4.0 : il s’agit d’une interface homme-machine depuis laquelle l’installation peut être pilotée à distance. L’idée est ici de créer un partenariat avec des clients, d’avoir l’installation du client en question sous contrôle permanent et d’entrer ainsi dans la maintenance préventive et prédictive. Nous utilisons pour cela des capteurs logiciels spécifiques et des algorithmes poussés en intelligence artificielle. Nous sommes déjà passés dans la phase opérationnelle : sur une douzaine de points de contrôle, nous en maîtrisons déjà six en des points caractérisés de l’installation.Nous commençons l’installation de cette solution. À titre d’illustration, nous pouvons aussi citer le développement d’un tuyau télescopique, qui évite aux monteurs d’avoir à couper le tuyau lorsqu’il n’est pas à la bonne longueur. Outre les pertes de productivité, cette opération entraîne des risques de sécurité ou de génération d’étincelles dans les milieux industriels. Un système de rallonge permet de mettre le tuyau à la bonne longueur, simplement en l’étirant.

 

Les panneaux offrent une absorption phonique et une isolation thermique.

La nuisance sonore est un vrai sujet : pouvez-vous présenter la solution acoustique qui a été développée par Girardeau Air ?

M. T. : Nous voyons les problématiques rencontrées par les industriels comme un véritable tremplin d’innovations et d’opportunités. Nous avons identifié des besoins de réduction des nuisances sonores, et nous avons mené une réflexion autour de ce sujet, en analysant les différentes solutions proposées sur le marché. Nous nous sommes intéressés à un matériau spécifique déjà utilisé dans le bâtiment, que nous avons modifié et adapté au regard de notre objectif. Nous avons ainsi développé et breveté un panneau acoustique qui a des caractéristiques d’insonorisation supérieures de plus de 20 % par rapport aux produits disponibles sur le marché.  Il s’agit d’un matériau constitué de bois, de sable, de coquilles d’œufs, d’eau, et d’à peine 5 % de liant de ciment, qui entre parfaitement dans le défi de la transition écologique. Totalement naturel, ce produit biosourcé entre dans l’économie circulaire, il procure une bonne isolation thermique, un équilibre hygrométrique et est non inflammable. et fixe les dioxydes de carbone. Il peut enfermer tout équipement bruyant pour le dépoussiérage, et plus largement pour l’industrie, et diminue fortement la pollution sonore. Aujourd’hui, deux systèmes de ce type ont été installés chez nos clients.

 

Cyclone séparateur Girardeau Air.

Concrètement, quels services offrez-vous à vos clients pour le suivi de leurs installations ?

M. T. : Nous disposons de quatre technico-commerciaux qui se déplacent chez les industriels pour identifier les problématiques. Après les commandes, nos chargés d’affaires se déplacent également sur site pour réaliser des relevés et des vérifications chez le client. Ils réaliseront ensuite les nomenclatures, les dessins 3D et organiseront la prestation. Nous assurons bien entendu la mise en place des équipements, avec des contrôles, des tests et des équilibrages. Nous avons aussi des techniciens formés à la réalisation de diagnostics complets des installations, capables de proposer des actions correctives chiffrées. Nous assurons un vrai partenariat avec le client en ce qui concerne l’ATEX, en veillant à ce que l’entreprise respecte toujours les normes et directives en vigueur. Concrètement, nous nous déplaçons sur site tous les ans pour réaliser un diagnostic. Nous proposons en parallèle pour les nouvelles installations notre solution de diagnostic 4.0 afin d’apporter au client une assistance permanente.

 

Caisson d’insonorisation ECOGIR.

Quelle vision avez-vous de la reprise d’activité post-Covid ?

M. T. : Nous nous sommes très peu arrêtés pendant la crise sanitaire. Nous nous sommes organisés pour garantir autant que possible les échanges avec nos partenaires institutionnels avec qui nous menons nos développements. Les investissements des industriels dans une solution de dépoussiérage trouvent aujourd’hui deux sources principales : la conformité avec les exigences de la médecine et l’inspection du travail, ou l’utilisation du Plan de relance assuré par l’État, lorsque le retour sur investissement est immédiat. Leur priorité reste cependant la productivité, et le dépoussiérage, dans le contexte que nous connaissons, passe souvent en second plan. D’une manière générale, les investissements sont en baisse depuis un an et demi. En parallèle, nous assistons à une pénurie des matériaux et à une hausse des prix. À titre d’exemple, chez Girardeau Air, nous faisons face à une hausse de 300 % du prix de l’acier. Girardeau Air se porte relativement bien : nous étions en 2020 à +2 % de chiffre d’affaires et cette année nous devrions atteindre +5 %. Ces chiffres sont bons par rapport à nos confrères, qui affichent une baisse de -25 % de leur chiffre d’affaires annuel.