Édito Le Journal du Vrac N°101 - mars/avril 2015

Le 17/03/2015 à 9:57 par La rédaction

Raisonnons, choisissons et partageons

« Il y a de la chimie partout, l’important est qu’elle soit responsable. » La phrase prononcée en préalable de son intervention par Patrick Maestro lors des Rendez-vous R&D Chimie Matériaux de Bordeaux fin janvier, sonne comme une profession de foi pour la profession. Directeur scientifique de Solvay depuis 2011, après avoir été celui de Rhodia (ex Rhône-Poulenc) où il a fait toute sa carrière, celui-ci est reconnu pour son travail de fonds sur la recherche de nouvelles applications pour la chimie, et en particulier sur le développement de relations entre mondes académique et industriel (*).

S’intéressant à la promotion de la science auprès de la société et des jeunes chercheurs, il a contribué à la réflexion prospective sur les grands thèmes liés à la « chimie du futur », aux nouvelles technologies associées au service du public (santé, énergie, bien-être) et aux nouvelles matières premières (biomasse, recyclage, CO2). Autrement dit, Patrick Maestro sait de quoi il parle et il fait bon prendre le temps de l’écouter.

Que dit-il au juste ? En substances, il souligne le lien entre chimie et société, rappelant sans relâche l’absence de pérennité d’une démarche qui ne prendrait en compte son propre impact environnemental. D’où l’importance à ses yeux de décliner la chimie en modes bio-sourcé, recyclé et énergie renouvelable.

Si l’objet du chimiste est bien de fournir de la matière première et d’intégrer de nouvelles fonctions associées à son produit, sa mission n’a de sens sans impliquer les attentes sociétales. « A échéance 2/5 ans, on voit bien », souligne l’intéressé. « Mais à l’échelle industrielle, il y a nécessité d’aller plus loin : quels besoins en 2025 ? » L’innovation doit résister aux effets de mode, aux spéculations financières et au cours du pétrole pour affirmer son regard et ménager ses ouvertures. Un équilibre est à instaurer entre le court terme et l’avenir tout court. Aujourd’hui un fil conducteur s’impose, il est éthique puisqu’environnemental. La phrase de Patrick Maestro se pose là.

D’après le dernier baromètre Posternak-Ifop, les Français n’auraient jamais eu autant confiance dans les entreprises ; gageons que ça ne soit pas seulement pour l’emploi, mais aussi - quelque part -, pour exprimer le lien social et environnemental. Vital.

Pierre Mitev

Rédacteur en chef