Agro-alimentaire: l’orge embarque en Haute-Bourgogne pour l’Asie

Le 01/09/2011 à 15:10 par La rédaction
3 Mt/an d’orge sont échangés sur les marchés mondiaux
3 Mt/an d’orge sont échangés sur les marchés mondiaux

Début avril, le port fluvial multimodal de Haute-Bourgogne situé à Gron (89) a ouvert une voie d’exportation pour l’orge bourguignonne à destination de la Chine, de la Thaïlande et du Vietnam via le Havre. Objectif annuel : 4 000 EVP en conteneurs.

Jusqu’à présent, l’orge de brasserie française expédiée en Asie provenait d’Eure-et-Loir et de région parisienne. L’exportation bourguignonne ouvre des perspectives de développement important aux agriculteurs de l’Yonne en matière d’exportation et de capacités d’expédition. Depuis le XIXème siècle, l’orge de brasserie de l’Yonne était transportée en vrac sur des péniches au gabarit dit « Freycinet » (250 t), le passage au conteneur représente un véritable bond en avant. Celui-ci offre de plus une garantie de traçabilité qui répond aux exigences de la clientèle asiatique. Le flux conteneurisé devrait donc contribuer au maintien de la production sur le département et à l’ouverture de nouveaux débouchés pour d’autres produits bourguignons.

 La Chine, premier producteur mondial de bière

Premier exportateur mondial d’orge de brasserie utilisé pour la production du malt indispensable à la fabrication de la bière, la France est bien placée sur un marché chinois très porteur. Car, si la consommation d’orge est à la baisse en Europe, celle-ci affiche en Chine une progression significative liée à l’augmentation constante de la consommation de bière : 30 litres/an par habitant aujourd’hui contre seulement 4 litres/an par habitant il y a dix ans. Le paradoxe sur lequel surfe l’exportation française est que la Chine, premier producteur de bière au niveau mondial ne produit pas suffisamment d’orge, sa politique agricole étant concentrée sur le riz, le blé et le maïs. Lancée en 2010, la navette « Logiyonne » (3 A/R hebdo.), propose un service fluvial hebdomadaire entre Gron et Le Havre qui permet au port maritime de capter les trafics d’orge en vrac traditionnellement orienté vers la Belgique. Pour 2011, Logiyonne s’est fixé l’objectif de traiter 4 000 EVP.

Une filière en pleine croissance

La conteneurisation de l’orge s’inscrit dans une stratégie de développement de la filière d’exportation française afin de répondre à la demande croissante des pays asiatiques.

 Depuis trois ans, le port du Havre mène une expérimentation grandeur nature pour l’exportation de l’orge conteneurisée. Grâce à ce nouveau système, les coopératives agricoles remplissent les conteneurs de céréales dans un emballage plastique (environ 20 t). Une technique d’acheminement inédite au Havre qui offre sécurité et traçabilité et améliore significativement les capacités d’expédition. Ce système est notamment utilisé par le négociant allemand de céréales Interbrau pour 10% de ses exportations d’orge en France et devrait bientôt s’étendre à d’autres céréales. Le malt provient essentiellement de Bourgogne, d’Eure-et-Loir, des Yvelines et d’Essonne via un transport fluvial en plein développement. Interbrau, exporte de 1,5 à 1,6 millions de tonnes d’orge/an sur un négoce annuel de 2,2 millions de tonnes de céréales. Aujourd’hui, la société fait transiter de 800 000 à 900 000 tonnes/an depuis la France, notamment par le port du Havre. C’est d’ailleurs dans ce port que l’entreprise a célébré fin mai son 50e anniversaire en présence des grands partenaires du port actifs dans l’exportation de céréales : l’armateur Evergreen ; TDS, expert dans la gestion des terminaux fluviaux ; les douanes françaises ; France Export et Céréales ; Axes-Céréales ; et le transporteur fluvial Scat (Service contrôle et analyse du transport). A cette occasion, les installations du port ont été visitées par une délégation composée de nombreux brasseurs chinois.