Food Factory 2012 : entrée en matière pour le ministre Guillaume Garot

Le 07/09/2012 à 15:51 par La rédaction

Lors de sa première intervention, dans le cadre de la conférence scientifique « Food Factory » début juillet à Laval, le ministre délégué chargé de l’agroalimentaire auprès du ministre de l’agriculture, a souligné les grands axes de son action à venir. Où il est question de compétitivité et d’innovation, d’environnement et de santé, avec un rendez-vous à l’automne sur le mode de la concertation.

  Évoquantà la fois la contribution de l’agroalimentaire à la balance commerciale et l’érosion de la position française à l’international, le ministre délégué a commencé par souligner que l’excellence française, remarquable, fondée sur une histoire, une culture, un certain art de vivre, sur la diversité des terroirs, n’est pas un acquis immuable. « Alors soyons conscients de notre potentiel comme de nos faiblesses. Le premier enjeu pour nous tous est donc bien celui de la compétitivité. Et nous devons l’aborder sous différents angles. Quand 97 % des entreprises de l’agroalimentaire sont des PME, cela pose d’abord le problème de la taille et de leur capacité à se lancer à l’international. Non seulement du fait des volumes concernés et de capacités d’investissement limitées, mais également du fait de normes sanitaires complexes à respecter. Il faudra nous donner les moyens de la réussite et de la performance industrielle, et en particulier les moyens financiers, pour faire émerger des champions qui porteront le secteur, notamment à l’exportation : nous favoriserons donc la constitution de groupes à la taille accrue et le travail collectif des entités plus petites, autour de formes nouvelles à imaginer. »

La clef est dans la création de valeur ajoutée

Et Guillaume Garot de souligner l’existence des problèmes de fond, spécifiques aux industries agroalimentaires, qui sont ceux de la volatilité des prix des matières premières, de l’importance du coût de l’énergie et des relations commerciales avec la grande distribution. « Ce sont des questions que nous n’évacuons pas et sur lesquelles nous allons travailler avec mes collègues du ministère de l’Economie et des Finances. Il y a également la question du coût du travail, mais qui mérite d’être traitée à sa juste place. Il représente moins de 12 % du chiffre d’affaires du secteur. Dans la filière porcine, nous sommes aux alentours de 8 %. » Pour le ministre délégué à l’agroalimentaire, l’avantage décisif ne peut donc se situer à ce niveau. Ce n’est pas là où se bâtira la compétitivité. « Fondamentalement, je crois que la clé pour la compétitivité de nos entreprises, de nos industries, de nos produits sur les marchés national et international, la clé pour l’emploi, c’est la création de valeur ajoutée, ce qui passe par la qualité et l’innovation. Je favoriserai donc, aux côtés de Stéphane Le Foll, la création de signes de qualité, ainsi que les démarches collectives régionales pour promouvoir les produits locaux. » Pour Guillaume Garot, il convient de miser sur la qualité et l’identité culturelle pour mieux vendre en France comme à l’international. D’autant que, selon lui, c’est une attente très forte des consommateurs, au cœur de la mondialisation « qui menace tout d’uniformisation », de connaître la provenance de ce qu’ils consomment. « Nous devons donc soutenir l’innovation, en renforçant les moyens des pépinières et pôles de compétitivité, et en facilitant le rapprochement entre les entreprises, les centres techniques et les instituts de recherche agroalimentaire. Ce point, en particulier, est essentiel. En quelques décennies, le secteur de l’industrie agroalimentaire s’est considérablement modernisé et technicisé. Pourtant, seul 0,7 % du chiffre d’affaires des industries agroalimentaires est consacré à la recherche et au développement, contre 2,3 % pour l’industrie manufacturière. Ce chiffre est bien trop insuffisant si nous souhaitons être en mesure de relever le défi de la concurrence. » L’une des réponses évoquées est le recours aux instruments financiers, tels que la Banque Publique d’Investissement.

Formation, valorisation des métiers et préservation de l’emploi

Concernant le développement durable et les questions climatiques, le secteur agroalimentaire doit, selon le ministre délégué, apporter sa quote-part de réponses et de solutions. Et celui-ci d’évoquer la relance de la filière bois et le soutien au développement des agro-industries. « A ce sujet, il ne faut pas envisager la règlementation environnementale, et plus largement une démarche de production durable, comme une addition de contraintes, mais bien comme un investissement pour l’avenir qui génère des gains de productivité. Les exigences croissantes en faveur de modes de production plus respectueux de l’environnement doivent être perçues comme une chance, y-compris pour les professionnels de l’agroalimentaire. Après la compétitivité, le second enjeu est celui du social, de la santé et de l’emploi. Nous ne devons pas oublier que l’emploi, dans les industries agroalimentaires, peut être très dispersé et parfois, dans certaines filières, très fragilisé. » Selon Guillaume Garot, des efforts très conséquents sont nécessaires en matière de formation professionnelle, de valorisation des métiers, qui souffrent d’une trop mauvaise image, mais également de santé au travail, pour, au-delà de la préservation des emplois, protéger les salariés. Dernière annonce évoquée, le lancement à l’automne d’un « grand processus de concertation qui doit nous permettre d’aboutir à l’élaboration d’une loi cadre sur l’agriculture et l’agroalimentaire en 2013 ».

La conférence scientifique « Food Factory » est organisée tous les deux ans, alternativement à Laval par Laval Mayenne Technopole et en Suède (Göteborg). La 6e édition organisée début juillet a rassemblé chercheurs et entreprises sur le thème de l’hygiène des process de l’usine agroalimentaire de demain sur quatre demi-journées pour un total de 29 conférences scientifiques et 40 posters scientifiques exposés. A cela s’ajoutent une journée dédiée aux PME sur le thème « Open Innovation et l’agro-alimentaire » et un « RDV Business ». Cette année, une conférence à destination du grand public a réuni 120 participants sur le thème « Notre assiette en 2030 ». Prochaine édition en France en 2016.